Plus de camping sauvage

La matinée

Je suis réveillé tôt par une cacophonie d'animaux sauvages (principalement des oiseaux). À Cairns, je pouvais entendre leurs cris ressemblant à des enfants se faisant égorger, mais ce n'est rien comparé à la tente, où ils sont tout autour de moi.

Après avoir rapidement emballé mes affaires (juste un matelas gonflable et un oreiller gonflable, il fait trop chaud pour avoir besoin de plus que ça), je sors de la tente et vois un kangourou qui s'échappe en me voyant ! (Ou peut-être un wallabi, dans les deux cas c'est un nouvel animal local et intéressant)

Tout est rangé à 6h30, ce qui j'espère me permet d'éviter l'inquisition du ranger. Je monte dans la voiture et continue sur la même route, pour aller voir la cascade de Jourama.

Le sentier pour aller à la cascade n'est pas très long, il passe au milieu d'un pierrier et je peux voir quelques traces de feu de forêt : la forêt n'est pas très dense, et certains arbres sont un peu noirs. Ceci dit, ça pourrait juste être dû à une différente couche de la forêt tropicale, vu que je suis moins haut... Pas sûr. Au moins, la vue de la cascade est jolie, même si j'aurais aimé être un peu plus proche.

La météo n'est pas excellente, ce qui fait sens : je suis à côté de Bartle Frere, le point culminant du Queensland, où il pleut plus de 250 jours par an (je ne vois pas le sommet, qui est dans les nuages).

Townsville

Après ça, je vais en direction de Townsville. Quel drôle de nom, est-ce que c'est la capitale du Paysland ?

La première chose que je vois, de loin, est Castle Hill : Townsville a une grosse colline avec des falaises sur le côté, très proche du centre ville. Je me gare assez proche, et monte via la Goat Track, qui consiste principalement d'escaliers : environ 400 marches en 1.6 km. Lorsque je suis à mi-chemin, je vois un autre sentier, et vérifie où je dois aller sur ma carte. Une gentille dame m'explique qu'il y a plein de sentiers allant en haut, celui que j'ai vu ici est celui qu'elle a emprunté, et commence à un autre parking, un peu plus haut que mon départ. On parle aussi de la météo, il fait chaud mais il y a des nuages, ce qui d'après elle est une condition idéale pour marcher. Je veux surtout voir de la vue, donc pas excellent pour moi.

La vue du haut est top (haut... top... vous l'avez ?), il y a plusieurs points d'observation permettant d'avoir la vue de tous les côtés. Enfin, on voit surtout Townsville qui n'est pas très grand, avec l'océan d'un côté et rien de l'autre...

La ville est assez similaire à Cairns : une grille, pas de vrai centre sauf quelques rues avec plus de restaurants.

Après un rapide repas, je continue ma route.

Bowen

En chemin vers Bowen, je m'arrête à deux points d'observation.

Le premier est environ à mi-chemin entre Townsville et Bowen, et c'est juste une petite montagne au milieu de nulle part. La route y montant n'est pas bonne, c'est une route de gravier étroite et très pentue, avec laquelle ma voiture a un peu de mal. Heureusement, je n'ai croisé personne au milieu... C'est un poste d'observation érigé par le Rotary. J'en ai vu plusieurs, il semblerait que le Rotary paie (ou construit directement) ces endroits. En tout cas, le Rotary semble avoir plus d'impact ici qu'en Europe... ceci dit, le manque de vue me fait questionner leur effort.

Le deuxième est à Bowen, à côté d'un château d'eau. Il y a une jolie vue sur la côte et la plage, et montre que Bowen est une autre de ces villes inintéressantes.

À Bowen, je m'arrête à deux autres endroits : Sunset Point de Coral Beach.

Sunset Point est une plage avec une grand ouverture vers l'ouest, où arrive une rivière. Il y a quelques pêcheurs, mais la plage elle-même n'a pas grand chose à offrir. C'est probablement joli pendant le coucher du soleil, mais en milieu de journée c'est une plage assez médiocre.

Coral Beach est plus intéressante : comme le nom l'indique, cette plage contient beaucoup de coraux morts, qui ressemblent à de la pierre ponce.

Il s'agit en fait d'un ensemble de petites plages, avec plus ou moins de coraux. Les premières sont quasiment complètement composées de coraux, puis il y a de plus en plus de sable et rochers. Je veux aller au bout, pour avoir la vue des deux côtés, donc je vais d'une plage à l'autre, jusqu'à ce que tombe sur une indication intéressante sur les rochers...

Apparemment, les dernières plages sont des plages naturistes... Heureusement, il est aussi indiqué que la nudité est optionnelle, et voulant profiter de la vue, je continue.

Comme je le pensais, il n'y a que quelques hommes sur cette partie de la plage, et ils ne sont pas tous des nudistes. Ça me permet de marcher tout autour et prendre des photos sans soucis, profitant de la vue sur Gloucester Island.

Airlie Beach

Après Bowen, je vais en direction d'Airlie Beach. C'est tout petit, mais très actif : le port est plein de bateaux avec du traffic, il y a un lagon (la piscine en libre accès) assez similaire à celui de Cairns mais avec plus de gens, même les oiseaux semblent plus actifs. Il y a également une jolie longue plage, qui ne semble pas aussi populaire que le lagon... Peut-être que c'est juste qu'elle est grande, donc les gens sont plus étalés.

C'est très touristique : Airlie Beach sert de point d'entrée aux îles Whitsunday, donc il y a plein de croisières, vols panoramiques, même du saut en parachute...

L'Île de Whitsunday est où se situe la plage de Whitehaven, composée de sable fait de silice presque pur, ce qui lui donne sa couleur blanche. C'est la plage la plus photographiée d'Australie, ce qui explique l'activité ici. Les prix sont également à la hauteur de la demande...

La nuit

Il commence à se faire tard, donc je vais en direction de mon camping (que j'ai bien payé cette fois-ci). C'est proche d'Airlie Beach, sur une plage (j'espère voir un beau lever de soleir) mais il y a une marche d'approche de 2.4 km dans la forêt.

J'arrive au parking vers 17h30, passe un peu de temps à préparer mon sac pour la nuit avant de marcher en direction de Swamp Bay. Je devrais arriver juste avant la tombée de la nuit.

La forêt est dense et sombre, et pleine de vie : je vois des araignées, quelques grenouilles (ou peut‑être des crapeaux tellement c'est gros) qui me sautent presque dessus, et un paquet d'oiseaux.

Vers 18h15, je me dis que je devrais bientôt arriver, mais je n'ai pas été aussi efficace que prévu : j'arrive à un panneau... qui m'indique que je ne suis qu'à mi-chemin. Oh non...

La forêt était déjà bien sombre, mais avec le soleil qui se couche, je n'y vois plus grand chose. Je pourrais allumer ma frontale, mais ce serait une invitation pour les mouches, moustiques et qui sait quoi d'autre... Je commence à courir sur ce petit sentier, espérant arriver aussi tôt que possible.

Le camping est assez sauvage : il n'y a qu'un abri avec des tables, même pas de toilette... et bien sûr, je suis le seul sur place. Je trouve un coin entre deux arbres qui fait juste la taille de ma tente, assez haut sur la plage pour éviter la marée haute (j'espère), donc je monte ma tente aussi vite que possible. Pas de soucis pour faire ça dans l'obscurité, j'ai déjà eu ce problème hier donc j'ai l'habitude.

Une fois terminé, je vais directement dans ma tente, et ferme tout. C'est bon, je suis en sécurité. Je n'ai pas encore mangé, mais j'ai pris ce qu'il faut pour me faire des sandwiches, donc je mange et referme bien mon sac hermétique, pour éviter que l'odeur attire les prédateurs.

Je lis un peu, puis, bercé par les vagues s'écrasant sur les galets et le vent remuant ma tente pas très tendue, je m'endors.

... jusqu'à 1h30 du matin, où je suis réveillé par quelque chose touchant ma tête. Une créature vient de s'asseoir sur ma tente... Je n'ai pas eu le temps de vérifier s'il y avait un panneau pour les crocodiles hier, mais ce n'est sans doute pas l'un d'eux, hein ? Si c'était le cas, je serais probablement déjà dans son ventre... Sauf s'il n'a pas réalisé que j'étais ici, et s'est juste assis sur le replas. Est-ce que je sors de ma tente pour vérifier de quoi il s'agit ? Ça ne semble pas être la meilleure décision... Mais ça peut aussi être un oiseau, ils ont des gros piafs ici, et il y en a plein. Oh non, est-ce que j'ai posé ma tente sur un nid ? Hmm, actuellement la meilleure chose à faire est probablement de trouver un moyen de le faire fuire. J'essaie de le pousser gentiment, mais il ne réagit pas. Je ne veux pas agir de façon trop aggressive, pour éviter une réponse violente... Ah, je sais, j'ai du spray anti-insecte dans mon sac ! Peut-être que l'odeur va faire bouger ? Ah, ça veut dire que je dois ouvrir mon sac, et l'odeur de nourriture va sortir... Bon, qui ne tente rien n'a rien, je fais ça rapidement. Ouvre le sac, sors le spray, ferme le sac. Tout va bien, pas de réaction. Probablement pas un crocodile du coup, non ? J'ouvre une petite fenêtre dans le zip de ma tente, juste assez grande pour y passer ma main, et spray de tous les côtés. Je peux le sentir depuis l'intérieur de la tente, il doit en avoir plein le plumage... mais il ne réagit pas. Mince. Bon, je crois que je vais avoir un compagnon cette nuit... Est-ce que je vais survivre ?